le projet

Présentation publique à Alès samedi 6 juillet 2013 (©Jean-Michel ANDRE)

note d’Agathe Arnal, conception, direction artistique


Au commencement, j’ai imaginé sur la place publique de mon village une maison habitée par des marionnettes.


Depuis ce jour, dix années d’exploration se sont écoulées, permettant à notre groupe, Délit de Façade, d’inventer son propre langage, d’élaborer et maitriser son outil de travail, de défendre son originalité et sa place dans la rue.

Je me délecte de la chance que nous avons de nous approprier l’espace public, de pouvoir décaler la situation et la perception du quotidien, de tendre un hameçon du haut de nos fenêtres à l’homme public et de le voir y mordre.

Aujourd’hui, j’ai envie d’étirer plus encore ce procédé de transformation et d’offrir une part belle à un grand nombre de partenaires de la Compagnie. Car chargés d’expériences diverses et complémentaires, la marionnette est notre point de rencontre, notre rendez-vous.

Associant quatre membres de la Compagnie, une écriture collective est déjà en cours d’élaboration pour la réalisation de ce nouveau spectacle.


Je ne veux pas attendre, mais... Chercher l’urgence, trouver notre processus, élaborer une méthode de travail commune. Confronter nos points de vue, nos imaginaires, torturer nos esprits. Passer à la moulinette nos propositions et nos contre-propositions. Confier la dramaturgie à Sandrine Furrer. Titiller Romain Duverne pour qu’il imagine la création d’une nouvelle famille de marionnettes, modifier l’univers visuel présenté jusqu’à présent et l’éloigner d’une esthétique marquée par une histoire liée à l’audiovisuel. Approuver David Kpossou, dans ses envies de jouer en « live », de quitter le principe de la bande sonore enregistrée, qui impose une distance avec le public. Fabriquer du son en direct, sur le bitume, pour se confronter à la foule comme dans un concert de rock.

Je viens du théâtre où le personnage est fait de chair et de sang. Malaxer le monde du vivant et le monde de l’inerte.


Proposer aux marionnettistes, ces personnages ombres que l’on veut toujours faire oublier, de jouer davantage, leur donner de la matière, une situation dramatique.

Intégrer la façade comme actrice principale de notre histoire, bien au-delà d’un simple concept et décor. Montrer ce qu’elle peut cacher et ne pas se fier à ses apparences. La Façade, espace immobile, inanimé, devient scène de vie, page blanche de toutes les histoires de nos villes, qui ne demandent qu’à être écrites et racontées.

Proposer que l’arrivée de la Compagnie dans la cité change la perception, le sentiment qu’on a d’une rue, l’esthétique d’un bâtiment, en créant une transformation visible, s’appuyant sur une réalité.


Murer quatre fenêtres d’un bâtiment. Images de plus en plus actuelles dans nos villes.

Construire un abri de fortune pour accueillir la famille des oubliés. Faire ressurgir le mythe d’Orphée.

Jouer ce spectacle de nuit. Inviter un nouveau complice à nous rejoindre muni d’un attirail électrique, câbles, projecteurs, lanternes, pour faire apparaître et disparaître à notre convenance les castelets-fenêtres et jouer pour la première fois avec une console-lumière. Révéler des détails empruntés à chaque bâtisse.


Echafauder une écriture purement visuelle et musicale, sans texte, chargée d’images symboliques fortes et d’émotions puissantes.

Faciliter la circulation de notre spectacle en proposant une forme artistique destinée à être diffusée en France et à l’étranger.